Paris Vox – On parle beaucoup du « retour des ultras » dans l’enceinte du Parc des Princes, et notamment du CUP (Collectif Ultra Paris) au sein de la tribune Auteuil. Il s’agit du seul groupe « ultra » a être désormais autorisé, en partie, à revenir, alors que beaucoup de ses membres actuels (et notamment son président Romain Mabille) auraient été actifs et impliqués dans les violences avec la tribune Boulogne il y a quelques années, violences qui se seront achevées par la mort, sous les coups, d’un supporteur du PSG, Yann Lorence.
Alors que le procès des deux assassins présumés de Yann Lorence s’ouvrira jeudi 24 novembre devant la cour d’assises de Paris, nous proposons ici aux lecteurs quelques détails fort peu relayés par la presse subventionnée.
Le 17 mars 2010, Yann Lorence, supporter du PSG de 37 ans, fût déclaré « cliniquement mort », après être tombé dans le coma le 28 février 2010, deux heures avant la rencontre PSG – OM au Parc des Princes.
Ce soir là, en marge d’une rixe entre supporteurs d’Auteuil et de Boulogne sur fonds de tensions qui régnaient depuis des années, Yann Lorence, estampillé Boulogne mais qui ne participait pas à la rixe, est reconnu par des supporteurs du virage Auteuil, puis tabassé à mort par ces derniers.
Ce drame marquera la conclusion d’une longue série d’affrontements entre deux tribunes que tout opposait.
D’un côté, le virage Auteuil et ses groupes ultras, regroupant beaucoup de jeunes de banlieue parisienne, choyée par la direction du PSG et Canal + au début des années 90.
De l’autre, la tribune Boulogne, tribune des supporteurs historiques du PSG, tribune où la jeunesse parisienne de souche a eu l’habitude, dès la fin des années 70 et le début des années 80, de prendre ses quartiers.
Rien ne pouvait rassembler ces deux tribunes, si ce n’est l’amour commun du PSG. Les tensions en déplacement ont d’ailleurs toujours été légions. Elles ont toutefois dégénéré lorsque les « ultras » d’Auteuil, Tigris Mystic en tête, ont tenté de concurrencer la tribune Boulogne – à la réputation nationale – et de prendre le pouvoir autour du Parc des Princes.
S’en sont suivis de nombreux affrontements, à la fin des années 2000, des règlements de compte, des bagarres dans et hors des stades, des agressions. Un climat délétère et violent, auquel un autre groupe, la K-Soce Team (KST), dont Romain Mabille faisait partie, a pris largement sa part.
Jusqu’à ce soir de février 2010, où tout a basculé.
Aujourd’hui, beaucoup d’anciens de la Tribune Boulogne sont profondément choqués de voir que le Collectif Ultra Paris (CUP) bénéficie des bonnes grâces de Nasser Al-Khelaïfi, « Nasser », comme l’appelle affectueusement Romain Mabille, par ailleurs converti à l’islam (il se fait appeler Sulayman KST) ce qui explique peut-être une certaine proximité avec le président qatari.
Dans tous les médias qui lui ont ouvert leurs micros, Romain Mabille, président du CUP a tenté de s’absoudre d’une sulfureuse réputation dont il bénéficie, que ce soit chez ses anciens ennemis de la tribune Boulogne, comme au niveau des forces de l’ordre.
Arrestation à Bilbao en 2011, participation à des violences diverses en marge de rencontres du PSG, participation à des affrontements contre la Ligue de Défense Juive avec la « Gaza Firm » en 2014, ou à des manifestations radicales en faveur de la Palestine …l a liste est pourtant longue des incidents auxquels il aurait pris parti.
Roman Mabille est (ou fût il y a encore peu) aussi un ami de l’un des assassins présumés de Yann Lorence, Jeremy B, alias « chinois » ou « thairo kel-kal» (hommage à Khaled Kelkal?), placé un temps en détention provisoire dans cette affaire et sur le banc des accusés à partir de jeudi . La photo ci-dessous montre d’ailleurs Romain Mabille afficher sa solidarité envers l’assassin présumé de Yann Lorence, et sa volonté de rester discret ensuite là-dessus comme le montre la conversation facebook. « fé moi pas yégri gros …».
On les retrouve par ailleurs en photo, tous les deux, en vacances à la plage.
Ou encore, lors du mariage de Romain Mabille, où Jeremy B était là encore un invité de marque
Etrangement, lors du premier « retour » des Ultras du CUP dans le virage Auteuil – auquel Romain Mabille n’a pas pu prendre part, étant considéré comme indésirable par la Préfecture de police de Paris – d’autres personnages bien connus des tribunes parisiennes ont également fait leur réapparition.
Comme cet ancien membre d’un groupe d’indépendants d’Auteuil, E ou W, qui a longtemps fréquenté des hooligans du PSG de la tribune Boulogne avant de les trahir.
Il avait été interdit de stade pour un salut nazi lors d’un PSG Marseille, ou également aperçu lors d’un cortège à la mémoire de Sébastien Deyzieu en 2007 (manifestation du GUD), et se retrouve ainsi, en octobre 2016, à lancer les chants avec le mégaphone dans la tribune Auteuil.
Alors que le procès des assassins présumés de Yann Lorence s’ouvre à Paris jeudi, de nombreuses questions se posent :
Qu’est ce qui explique ce retour en grâce des ultras d’Auteuil à la réputation sulfureuse, auprès des autorités du PSG et particulièrement de « Nasser » ?
Le rôle d’interlocuteur joué par Romain Mabille ne constitue-t-il pas une provocation alors même que des anciens de la tribune Boulogne sont toujours écartés, pour de longues années, de l’enceinte du Parc des Princes ? La direction du PSG applique-t-elle un deux poids deux mesures ?
Une chose est sûre : 6 ans après les faits, et l’assassinat de Yann Lorence, la tribune Boulogne attend ce procès avec impatience pour que justice soit enfin faite.
Frédéric Hamond