La drôle de sauce de Marine

La drôle de sauce de Marine

Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur analyse le retour médiatique de Marine Le Pen.

 


 

C’est donc à Brachay, jolie petite commune de la Haute-Marne que Marine Le Pen a fait sa rentrée politique samedi dernier. Brachay, petite ville ou les scores frontistes se sont envolés en 2012 voit donc revenir une fois encore  la présidente du Front National pour un discours qui se voulait pugnace et de stature présidentielle.

Alors comme beaucoup, j’ai écouté madame Le Pen. D’abord, premier constat, plus de nom de parti nulle part, les médias avaient raison, le nom Front National a sauté au profit d’un très plat « rentrée politique » en toile de fond. Mais c’est vrai, le discours était direct, sans concession sur le système au pouvoir. Sur ce plan, les constats sont assez clairs. On a en fait été peu surpris par le cadre général de son allocution. C’est du Marine Le Pen conforme et offensif.

Mais passé ce cadre, il y a dans le contenu quelques points dont certains me laissent perplexe et d’autres je vous l’avoue me heurtent quelque peu.

Je conviens de la nécessité pour madame Le Pen d’enfiler un costume de dimension présidentielle. Je comprends aisément que dans cette perspective, il n’est pas des plus opportun de dévoiler la totalité de son programme de campagne.

Mais tout de même, on aurait pu en avoir un aperçu ! Or pratiquement dès le début du discours, nous apprenons que non, le programme sera déroulé, progressivement égrené dans quelques semaines et jusqu’à mai 2017 … Dommage, car je crois que les français attendent avec impatience celui ou celle qui leur donnera des réponses claires sur les problèmes majeurs de notre temps et qu’il aurait été bienvenu d’en donner quelques-unes. J’ai déjà évoqué à ce micro le silence de pré-campagne de Marine Le Pen comme une erreur tactique, je persiste à dire qu’il y a une nécessité vitale à personnifier une verticalité politique dans le chaos que nous connaissons depuis des mois. Bref, pas convaincu du bienfondé de la stratégie en cours …

Sinon ? Et bien du grand classique. Un couplet sur la sortie de l’UE en mode Brexit. Un passage sur le burkini pour replacer le désormais traditionnel discours laïciste et un long moment sur Sarkozy.

Pour ce qui est de la sortie de l’UE, on aurait peut-être préféré que madame Le Pen nous parle d’une alliance avec la dynamique groupe de Vysegrad

Pour ce qui est de la sortie de l’UE, on aurait peut-être préféré que madame Le Pen nous parle d’une alliance avec la dynamique groupe de Vysegrad, cela aurait sembler plus porteur « qu’une France qui doit retrouver sa vraie place dans le concert des nations « qui a vrai dire ne signifie pas grand-chose. Sur le burkini d’accord en tout point sur l’égalité homme-femme en France, mais là on parle de femmes musulmanes qui rejettent expressément les lois françaises. Un petit mot indiquant l’expulsion pour tous ces provocateurs aurait été là aussi bienvenu. Et sur Sarkozy. Je comprends que son discours représente un risque en termes d’espace laissé au Front. La concurrence va être rude. Mais il y a tout de même un paquet de traitres à gauche aussi ! Certes, son topo sur les candidats du système, des banques et des inféodations diverses était bien vu. Tout comme d’ailleurs le rappel nécessaire sur l’ancienneté et l’invariance des positions du FN vis-à-vis de l’immigration-invasion et de l’islamisation, de la mondialisation sauvage. Elle aurait toutefois pu éviter de dénoncer le fondamentalisme islamiste comme « nouveau totalitarisme du XXIè siècle » parce que franchement, dans le genre je crois que c’est le capitalo-libéralisme qui gagne. Mais le fond y est, le rappel bien placé et … l’on comprend donc nettement moins bien les deux citations de De Gaulle, les gages républicanistes répétés, la défense du modèle assimilationniste et le passage de fin je cite : « quelle que soit l’origine, la couleur de peau, l’orientation sexuelle, ou la religion, nous ne reconnaissons qu’une communauté, la communauté nationale ». On savait le logiciel ethnique en péril au Front, mais là c’est carrément l’assimilation pour tous ! Non mais sérieusement, je crois que les français en ont soupé de la France black-Blanc-Beur, du « Vivre-ensemble ». Alors sans tomber dans les caricatures, il aurait été heureux de reprendre la seule citation pertinente de de Gaulle à savoir celle définissant le peuple Français. Je l’ai dit à trop vouloir rassembler, on finit par ressembler à tout le monde. La stratégie du FN est de faire de l’œil à la droite en sacrifiant probablement au passage l’essence du peuple français. Et ce n’est pas l’apaisement par l’autorité qui va calmer tout ça. Si un jour l’hypothèse de l’accession au pouvoir se réalisait, je serais curieux de voir ce qu’il resterait des éléments principiels qui ont constitué le FN historique. Mais c’est vrai, je ne suis sans doute pas assez pragmatique pour l’époque. Que voulez-vous, c’est tactique !. Allez, bonne journée !