Décès de l’éditeur Jean Picollec

Décès de l’éditeur Jean Picollec

Paris Vox – C’est avec beaucoup de tristesse que la rédaction de Paris Vox a appris la disparition de l’éditeur iconoclaste Jean Picollec, à la veille de sa 85e année. Pour saluer sa mémoire, nous reproduisons ci-dessous l’article que Jean Ernice a consacré au livre retraçant sa riche existence.

Jean Picollec, bien plus d’un éditeur !

Doit-on vraiment présenter Jean Picollec ?

Ce nom, nous sommes nombreux à le connaitre, notamment chez les lecteurs de Présent ! Il faut dire que l’homme a édité tant de livres, qu’on a forcément tenu en main à un moment ou un autre un ouvrage dirigé par le vaillant breton.
Pourtant, il serait réducteur de ne s’arrêter qu’à la (riche !) carrière d’éditeur de Jean Picollec. Passé à la question par Philippe Randa, Monsieur Picollec revient sur sa vie, on serait tenté d’écrire ses vies tant il y a de facettes à découvrir du personnage. C’est le troisième ouvrage de ce type réalisé par Synthèse après l’entrevue avec Roger Holeindre mené par Arnaud Menu ou encore celle de Carl Lang réalisée par Jean-François Touzé.
Il y a tout d’abord l’homme, né en 1938 au Maroc alors sous protectorat français mais dont toutes les racines sont bretonnes avec des aïeux originaires de Concarneau. Jean Picollec apprend le français à l’école mais c’est la langue bretonne qu’il utilise avec ses grands-parents. Alors que tout le prédestine pour être marin, Picollec étudie l’histoire, devient Lauréat du concours général, puis file à la Sorbonne, là-bas il découvre Paris et croise un certain … Lionel Jospin ! D’autres rencontres se font à l’époque, Alain Jamet ou encore Jean-Marie le Pen deviennent des familiers de Picollec. A cette époque, il partage avec eux le rejet du communisme, notamment suite aux évènements de Budapest en 1956.
Engagé chez Larousse, Picollec ne soutiendra finalement pas sa thèse sur l’autonomisme breton pendant la seconde guerre mondiale par manque de temps. Cette facette politique se confirme par un engagement à Ordre Nouveau à l’invitation de François Duprat. Philippe Randa revient également sur la passion bretonne de Picollec et sur le fait de s’être présenté aux côtés d’un personnage aussi atypique que reconnu, Jean-Edern Hallier. Le fantasque auteur vaudra bien quelques soucis à son ami Picollec, quand la police pense que l’éditeur fait partie de ces ravisseurs…
Quelques années après être rentré chez Larousse, Picollec fonde les éditions Alain Moreau dont il est la principale cheville ouvrière. Pour cette maison il édite Pierre Péan, Henry Coston ou encore Jean Montaldo. Après six ans d’association avec Alain Moreau, Picollec prend son envol en 1978 et ouvre sa propre maison d’édition qui porte toujours son nom. Il publie tout au long de sa carrière des livres engagés et n’hésite pas à publier la défense de Klaus Barbie écrite par Maitre Vergès.
Le présent livre rend hommage à un passeur d’histoire, un fidèle (en amitié comme politiquement).
Rendons grâce à Philippe Randa et Roland Hélie (éditeur et préfacier de l’ouvrage) d’avoir eu l’initiative sympathique d’éditer cet ouvrage qui se découpe entre entrevues avec Jean Picollec et hommages à l’un des éditeurs dont l’éclectisme est aussi grand que sa liberté, pour notre plus grand plaisir et notre érudition !

Jean Ernice

Jean Picollec, l’atypique, Philippe Randa, Synthèse nationale