Paris Vox – Quelques semaines après l’heureuse libération de leurs trois collaborateurs détenus en Irak, nous avons rencontré “SOS Chrétiens d’Orient” pour faire le point avec eux sur leur action en ces temps de crise.
Quelle saveur a eu Pâques pour SOS Chrétiens d’Orient cette année ?
Pour nous les célébrations de Pâques ne sont pas terminées puisque pour tous les chrétiens suivant le calendrier Julien (une bonne partie des Eglises orthodoxes), Pâques se fêtera dimanche prochain et nous sommes actuellement en pleine semaine sainte.
Cependant nous pouvons d’ores et déjà dire que cette période revêt pour nous un caractère tout particulier cette année. Tout d’abord parce que ce carême nous l’avons vécu en union de prières avec nos camarades disparus en Irak fin janvier et qui nous sont revenus fin mars. Durant ces longues semaines, toutes les équipes et tous les sympathisants de l’association se sont mobilisés et ont offert messes, intentions de prières et petits gestes du quotidien pour la libération de nos collaborateurs et amis. Quelle joie de les retrouver et quelle motivation pour entamer notre semaine Sainte de savoir que nos prières ont été entendues et exaucées ! Quel sentiment extraordinaire également de recevoir ces centaines de témoignages d’amitié de la part des populations orientales auprès desquelles nous vivons depuis plus de six ans ! Il n’y avait soudain plus d’humanitaires et de bénéficiaires, simplement des frères partageant une même douleur et une même Espérance. Après l’engagement total dont avaient fait preuve Tariq, Alexandre, Julien et Antoine depuis plusieurs années, quel plus beau témoignage de la portée de leur engagement ?
Quelle est la situation de vos volontaires encore sur le terrain ?
A cette première situation exceptionnelle qui donnait le ton à cette année 2020, une seconde nous confirma rapidement que nos équipes de gestion de crise seraient bien sollicitées cette année : le Coronavirus. Une seconde cellule dédiée fut donc créée chez SOS Chrétiens d’Orient et rapidement trente-six personnels furent rapatriés dans les meilleurs délais pour éviter le blocage. En effet, les pays dans lesquels nous travaillions avaient tous très rapidement décrété la fermeture de leurs frontières et de leurs aéroports avant même que des morts n’apparaissent sur leur sol. Treize personnels européens sont restés sur place et poursuivent aujourd’hui notre aide sur le terrain avec l’aide de nos collaborateurs et volontaires locaux. Afin de garantir les meilleures conditions de travail pour ces salariés et ces bénévoles, l’association travaille en lien étroit avec les autorités françaises tout en respectant strictement le consignes des autorités locales et les standards de l’OMS tels que définis dans la formation en ligne obligatoirement suivie par les personnes encore déployées.
Quelles actions continuez-vous à mener dans ce contexte de pandémie ?
Si la gestion et le suivi de nos projets majeurs restent inchangés, l’aide d’urgence déployée au quotidien a très rapidement évolué : produits d’hygiène et de protection distribués en masse dans les familles et auprès des structures médicales mais également de nombreuses donations de lots de nourriture aux familles les plus défavorisées et ne bénéficiant plus d’aucun revenu à cause du confinement généralisé. Nous profitons également de ces restrictions des sorties pour développer un autre pan de l’objet social de SOS Chrétiens d’Orient : la sensibilisation des européens à la situation dramatique que vivent les chrétiens d’Orient sur leurs propres terres, eux qui sont aujourd’hui menacés de disparition à moyen terme si personne ne se mobilise. La diminution des sollicitations auprès de la direction des opérations permet également de prendre le temps de travailler en profondeur sur nos procédures afin de repartir sur le bon pied dès que les activités reprendront à la normale.
Si Saint Louis a voué la France à la protection des communautés chrétiennes d’Orient et que depuis lors les français sont restés fidèles à cette promesse, ce n’est pas aujourd’hui au cœur de la tourmente qu’il faut trahir notre engagement.
Nous vous laissons conclure librement :
Durant près de six ans nous avons énormément investi pour développer nos procédures internes : procédures comptables et de contrôle de gestion, procédures de sélection et de gestion de projet, procédures de recrutement, de sécurité et de gestion de crise… Si les premières années furent un chantier gigantesque afin de créer un nouveau modèle humanitaire à partir de zéro, la période charnière des 5 ans nous permit de verrouiller tous nos efforts, de les faire auditer, d’apporter les touches finales et de bien faire preuve de pédagogie afin de faire appliquer toutes les normes à nos équipes. Tout ce travail en amont nous a permis d’aborder dans les meilleures conditions possibles ces deux crises auxquelles beaucoup n’auraient pas résisté. Les leçons apprises et la cohésion forgées durant ce premier trimestre assez difficile pour nos équipes ne nous a rendus que plus forts et plus sereins pour envisager l’avenir.
A l’heure où les conditions de reprise économique restent incertaines sur notre continent, nous allons devoir batailler pour continuer à faire passer notre message : si Saint Louis a voué la France à la protection des communautés chrétiennes d’Orient et que depuis lors les français sont restés fidèles à cette promesse, ce n’est pas aujourd’hui au cœur de la tourmente qu’il faut trahir notre engagement. SOS Chrétiens d’Orient ne relâchera jamais ses efforts sur le terrain, quelques soient les difficultés, mais nous sommes impuissants sans le soutien de nos donateurs et de nos volontaires. Ces communautés forment le premier maillon d’un ADN qui est celui de la France aujourd’hui ; face au prix qu’ils payent par fidélité envers cette identité, ne les abandonnons pas, mobilisons-nous.