Paris Vox (Tribune) – Chaque semaine, en partenariat avec Radio Libertés, nous publions la retranscription écrite de la chronique d’actualité et d’analyse d’Arnaud De Robert. Aujourd’hui, il revient le dossier de la “sécurité routière”.
Ça y est, le décret d’application abaissant de 90 km/h à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur 400 000 km de routes secondaires à partir du 1er juillet a été publié dans la nuit du 16 au 17 juin au Journal officiel, après des mois de controverse. Applicable à 40 % du réseau routier français, la mesure est censée réduire la mortalité routière. Censée c’est bien le mot puisque depuis des mois les opposants –majoritaires en France – ne cessent de dérouler des arguments béton contre cette mesure : Danger accru par l’impossibilité désormais de dépasser les poids lourds, le fait que nos voisins roulent à environ 100km/h de moyenne sur les mêmes routes avec deux fois moins d’accident (Allemagne, Royaume-Uni) … Mais surtout ce qui fait hurler les associations, c’est le fait que cette mesure ne règle rien sur la route. Elle coûte cher (12 millions d’euros de panneaux signalisation à changer tout de même) et ne fait que punir. Le premier ministre Edouard Philippe a beau parler d’économies de carburant, d’écologie ou de mesure à portée éducative, tout ce qu’on peut constater aujourd’hui c’est que le premier impact sera financier, pas pédagogique. Ce n’est pas parce que l’on est engagé à rouler moins vite que l’on va le faire. Ce n’est pas non plus la baisse de la vitesse qui empêchera les drogués et les gens ivres de prendre le volant. Rien dans cette mesure n’est envisagé sous l’angle de la responsabilisation, de l’éducation routière et au-delà de l’éducation en société.
Rien dans cette mesure n’est envisagé sous l’angle de la responsabilisation, de l’éducation routière et au-delà de l’éducation en société.
Par contre et cela c’est une certitude, la mesure va rapporter gros, très gros à l’Etat. L’hebdomadaire Auto Plus estime via une étude préliminaire que le pactole étatique devrait se situer autour de 335 millions d’euros par an. Une manne très utile : selon la Cour des comptes, «plus de 50% des recettes des amendes ne sont pas directement affectées à la mission» de sécurité routière. Une partie de l’argent des radars est en effet affectée au «désendettement de l’État». On l’aura compris, au lieu d’une sécurité routière, l’Etat s’assure une sécurité rentière.
Et cela n’a rien d’extraordinaire. Toute la politique d’Emmanuel Macron est fondée, centrée et conduite dans l’objectif de rentabilité. Chouette ! Vont me dire certains. Enfin une politique qui s’applique à gagner et non perdre de l’argent ! Arf ! Quel piège à droitard ! En effet, la rentabilité macronienne n’a aucunement pour objectif la sauvegarde des outils de souveraineté, la préservation d’un modèle social ou encore le maintien d’un quelconque service public. L’idée est encore moins d’ailleurs de conserver quoi que ce soit à la France de particulier. Non la quasi-totalité des mesures macronienne répondent depuis le début à un impératif majeur : booster le libéralisme économique dans ce pays, renforcer les classes détentrices de biens. Banquier déguisé en républicain, Macron n’est là que pour aider les riches, favoriser leurs entreprises et leurs affaires. Et s’il peut le faire avec en plus la possibilité de taxer les plus pauvres, c’est Jackpot ! Car enfin, qui emprunte ces axes routiers secondaires que sont les départementales et nationales ? Pas les plus riches bien sûr, mais une foule de français moyens qui ne peuvent faire autrement pour aller au boulot. Et le plus grand mépris de classe consiste bien sûr à nous expliquer que tout cela est pour notre bien. Et la précarisation du travail ? La future baisse des aides sociales, la privatisation progressive du système de soin, ce sera sans doute également pour notre bien ? Ah quel bonheur d’avoir voté Macron, le Robin des banques du 21e siècle ! Le seul qui vole aux pauvres pour donner aux riches ! Vive la Start-up nation et bonne semaine !