Pétition contre l’insécurité dans le 18ème arrondissement

Pétition contre l’insécurité dans le 18ème arrondissement

Paris Vox – Des habitants et un collectif de commerçants du quartier Goutte d’Or / Barbès / La Chapelle / Marx Dormoy ont lancé deux pétitions afin d’alerter les responsables publiques sur la dégradation de la sécurité dans cette zone de Paris. 


La pétition, réalisée par les commerçants, a réuni plus de 150 signataires. Celle des habitants approche les 1600 personnes.

Ces deux pétitions seront remises aux autorités le 27 mars. Nous publions en intégralité le texte de cette pétition disponible ici.

“Nous nous permettons de vous interpeller afin de vous signaler la forte dégradation de la sécurité dans le quartier Goutte d’Or / Barbès / La Chapelle / Marx Dormoy ces derniers mois.

Nous vous demandons de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des habitants et commerçants du quartier, ainsi que celle des individus regroupés autour du square Alain Bashung, communément désignés sous le terme “mineurs isolés” – dont le nombre augmente, et parmi lesquels on compte également des jeunes filles.

Il y a trois semaines, deux personnes ont été physiquement agressées rue Affre en plein après-midi. Ce décompte est loin d’être exhaustif. Cela fait plus d’un an que les commerçants et habitants sont importunés par les larcins des “mineurs isolés non accompagnés” opérant en bande et parfois très agressifs, notamment du fait de leur toxicomanie. Cependant, nous notons tous une nette dégradation ces derniers mois, marquée par l’apparition de problèmes bien plus graves : agressions de personnes avec violence, cambriolages, prostitution et augmentation du trafic de drogue.

Habitants du quartier de longue date ou fraîchement installés, nous sommes profondément attachés à l’esprit de solidarité et d’accueil qui le caractérise. Conscients des efforts faits par les pouvoirs publics, nous partageons tous néanmoins un constat : les mesures prises manquent à ce jour cruellement d’efficacité et ne sont pas suffisantes. Nous demandons donc :

  1. que le dispositif de sécurité mis en place soit revu et ajusté en fonction de son efficacité réelle. Nous attirons votre attention sur le fait que si jusqu’ici, la plupart des agressions ont eu lieu dans la nuit ou en soirée, récemment, des agressions ont eu lieu en plein jour et ce, alors que le quartier compte de nombreuses écoles et collèges fréquentés par des enfants ainsi directement exposés à la violence. Police, CRS, agents de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection de Paris (DPSP)… les moyens déployés doivent être proportionnels à la crise que traverse ce quartier de la ville,
  2. qu’une réflexion de fond soit relancée en impliquant les pouvoirs publics, la mairie, les associations, les commerçants et les habitants du quartier. Nous pensons que des erreurs historiques ont été faites dans l’aménagement et la gestion du quartier (ce, notamment depuis l’opération de réhabilitation urbaine des années 1980), et qu’il est urgent de corriger le tir. En 2012, la Goutte d’Or, déjà classée “zone urbaine sensible”, est devenue “zone de sécurité prioritaire” (ZSP). Quel bilan pour ce dispositif qui, malgré les moyens annoncés et déployés, a laissé s’installer les marchés volants et trafics sur le pont Jessaint et aux alentours du métro Barbès, les dépôts sauvages d’ordure dans la rue, et la situation sécuritaire déplorable que nous vivons aujourd’hui ?

Toutes les personnes impliquées dans le quartier – habitants, commerçants, associations de quartier et associations travaillant au contact des “mineurs isolés” – s’accordent à dire que nous sommes assis sur une véritable poudrière. C’est pourquoi, au-delà des moyens financiers et humains qui doivent être mobilisés à la hauteur des enjeux, nous demandons qu’un nouveau diagnostic global soit fait pour régler les problèmes de sécurité du quartier, et qu’il s’accompagne de la mise en place de nouvelles solutions qui soient le fruit d’une véritable collaboration entre les pouvoirs publics, les associations et les habitants.

Nous sommes conscients que des moyens financiers et humains ont d’ores et déjà été alloués à la gestion de ces problèmes. Nous vous interpellons aujourd’hui afin que la situation ne soit pas sous-estimée et que vous preniez la mesure de la gravité de la situation. Sécurité, urbanisme, propreté, emploi, protection des mineurs, droit international et politique d’accueil… les enjeux de cette crise sont multiples et interdépendants.

Suite aux récentes agressions, des plaintes ont été déposées et une rencontre avec Madame la députée élue par la 17e circonscription est prévue pour évoquer le sujet. Les habitants sont à bout, la résignation laisse place à un sentiment de ras-le-bol collectif et la tension est palpable dans le quartier. Certains l’ont déjà quitté, d’autres parlent de le faire, tandis que certains visiteurs modifient désormais leur itinéraire pour ne plus passer par les rues concernées, qui risquent ainsi de devenir un ghetto. Nous redoutons que les agressions qui se multiplient ne tournent au drame, et que des affrontements de bande n’aient lieu afin de “régler” la situation si les forces de l’ordre n’interviennent pas rapidement. Déterminés à défendre la quiétude, la convivialité et la vie de notre quartier, nous vous exhortons solennellement, en tant que représentants de l’Etat, à assumer la responsabilité qui incombe à vos mandats et fonctions respectifs, et à prendre les mesures nécessaires.”

Lien pour la pétition