Paris Vox – Symbole de la théorie des rigueurs salutaires et de la violence auquel notre société moderne n’est plus habituée, le gibet de Montfaucon est assez peu connu des Parisiens. Retour en plusieurs épisodes sur l’histoire de ce haut lieu de l’exécution de la justice à Paris.
Montfaucon avant la construction du gibet
Selon Piganiol de la Force, Montfaucon tire son nom d’un seigneur appelé Faucon ou Falco, qui occupait une habitation considérable au sommet de la butte. Quant aux Buttes-Chaumont, leur dénomination dérive, d’après certains chroniqueurs, d’une double source latine, Calvus-Mons, Mont-Chauve, dont, sous forme d’altération abréviative, on aurait fait Chaumont.
Ce théâtre de funeste souvenance débuta dans l’histoire par un fait glorieux, dont l’influence fut décisive sur les destinées de la France pendant plusieurs siècles.
C’était en 885 ; Paris était alors gouverné par le comte Eudes, quand survint une invasion de ces féroces Normands qui allaient semant sur leurs pas la terreur et la ruine. Ces terribles dévastateurs, partis du fond de la Scandinavie, étaient venus s’abattre à l’embouchure de la Seine, et, à travers les déprédations et le carnage, ils étaient arrivés devant Paris qu’ils tenaient assiégé. Les hauteurs de Belleville et de Montfaucon servaient de retranchement à ces hordes, qui avaient déjà mis Saint-Denis à feu et à sang. Devant ce danger imminent, le comte Eudes se résout à se précipiter sur l’ennemi à la tête de la milice parisienne, et, malgré l’énorme inégalité du combat, les retranchements sont enlevés: dix-neuf mille Normands jonchent le champ de bataille; la ville est sauvée. Cette victoire mémorable est désignée dans l’histoire sous le nom de bataille de Montfaucon.
Après cette éclatante manifestation, Montfaucon s’efface dans l’ombre pendant près de cinq siècles, pour devenir tristement célèbre comme lieu d’exécution.
Germain Boué