La vie de Saint Cloud, prêtre à Nogent (actuelle ville de Saint-Cloud)

La vie de Saint Cloud, prêtre à Nogent (actuelle ville de Saint-Cloud)

Paris Vox – Paris Vox propose à ses lecteurs une série de biographie sur les saints personnages qui ont fait la gloire de l’Eglise de Paris, l’une des plus anciennes de Gaulle, et qui font encore aujourd’hui le prestige de la Capitale.


Saint Cloud, prêtre à Nogent (actuelle ville de Saint-Cloud)

Saint Cloud, le premier des princes du sang royal que l’Eglise ait honoré d’un culte public, était fils de Clodomir, roi d’Orléans, et petit-fils du grand Clovis et de sainte Clotilde. Il naquit en 524 et n’avait que trois ans lorsque son père fut tué en Bourgogne. Il avait deux frères, Thibaud et Gonthaire, que sainte Clotilde prit dans son palais pour les élever chrétiennement. Cette pieuse princesse, qui les aimait beaucoup, leur inspirait dès l’âge le plus tendre l’amour de la vertu, et les préparait à soutenir un jour avec éclat le rang auquel les appelait leur naissance; mais elle ignorait que le tombeau les attendait à la place du trône de leur père : car Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, oncles des trois jeunes princes, poussés par une détestable ambition, résolurent la perte de leurs neveux, et, sous prétexte de les habituer à vivre à la cour, ils les appelèrent à Paris et en massacrèrent les deux aînés pour s’emparer de leur héritage.

Cloud échappa à ce cruel massacre ; la Providence, qui avait des vues sur lui, n’ayant pas permis qu’il fût enveloppé dans cette lâche perfidie, Clotilde le cacha et le déroba par ce moyen à une mort funeste. Le jeune prince rendit grâces à Dieu d’une conservation si miraculeuse, et songea dès ce moment à consacrer sa vie au service de celui qui l’avait préservé d’une fin tragique.

Quoiqu’il eût trouvé depuis cette démarche plusieurs occasions de recouvrer l’héritage de ses pères, il n’en profita point.  Il y avait à cette époque près de Paris un saint solitaire, nommé Séverin, qui vivait dans de grandes austérités. Cloud se rendit auprès de lui et se mit sous sa direction. Il fit alors une étude particulière de nos divines Ecritures, s’appliqua avec une nouvelle ferveur a la prière, ainsi qu’au chant des psaumes et aux exercices de la pénitence et à la pratique de l’aumône. On ne pouvait s’empêcher d’admirer ce jeune prince, couvert de l’étoffe la plus grossière, couchant sur la dure, et portant constamment un rude cilice.

Mais bientôt la réputation de sainteté qu’il avait acquise lui attira de fréquentes visites, et lui causant de nombreuses distractions, le désir de se cacher davantage pour mieux servir son Dieu, l’engagea à s’éloigner de Paris, et il se retira en Provence, où il passa plusieurs années, et où l’on assure qu’il opéra plusieurs miracles. Sa sainteté le trahit de nouveau, et ce qu’il avait cherché à éviter dans un lieu, vint l’inquiéter dans un autre. Il retourna donc à Paris, et l’évêque Eusèbe Ier, prédécesseur de saint Germain, l’ordonna prêtre en 551, sur la demande que lui en avait fait le peuple

Élevé au sacerdoce, Cloud répondit à l’attente que les fidèles avaient conçue de son zèle. Il travailla en apôtre à la sanctification des âmes et édifia les chrétiens par sa vie sainte. Soit crainte d’être élevé à des fonctions plus sublimes dans l’église, soit désir de s’occuper plus particulièrement de son salut, Cloud quitta la ville et se retira de nouveau dans le village de Nogent, situé à deux lieues à l’ouest de Paris, et appelé de nos jours Saint-Cloud. Là il fit bâtir un monastère et une église qu’il soumit à celle de Paris. Il fut bientôt rejoint par de fervents disciples qui désiraient, sous sa conduite, parvenir à la perfection.

Cloud fut leur maître dans la vie spirituelle et leur donna les exemples les plus propres à les conduire vers la fin qu’ils s’étaient proposée. Sa vie au milieu d’eux retraçait parfaitement tout ce que l’histoire nous rapporte des saints cénobites qui avaient fait l’admiration de l’Orient un siècle avant lui. Non content de travailler à sa propre sanctification dans son monastère, le saint prêtre instruisait encore les gens du village qu’il habitait, et répandait partout la bonne odeur de Jésus-Christ. Enrichi de mérites, quoique jeune encore, il passa dans une meilleure vie, le 7 septembre 56o, à l’âge de trente-huit ans. Son corps fut inhumé dans l’église qu’il avait fondée, et placé dans une châsse précieuse au septième siècle. L’évêque de Paris veilla toujours sur les reliques de saint Cloud et plusieurs fois on les transféra dans cette ville pour les soustraire à la profanation pendant les temps de troubles et de guerres.

Théodore-François-Xavier Hunkler