Histoire de Paris : la rue du Jour et l’Eglise Saint Eustache

Histoire de Paris : la rue du Jour et l’Eglise Saint Eustache

Paris Vox- Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues,  ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.


La rue du Jour

Vers 1370, Charles V se fit construire à l’emplacement de cette rue un pied-à-terre, raison pour laquelle cette artère fut nommée « rue du Séjour (royal ou du roi) » puis, par corruption, « rue du Jour ». Ledit séjour était situé entre le mur de Philippe-Auguste et le chemin qui conduisait à Montmartre. Quant à la rue proprement dite, elle date vraisemblablement du début du 13ème siècle.

L’église Saint Eustache.

C’est dans la rue du Jour que l’on trouve l’église Saint-Eustache. A l’origine, au 12e siècle, on avait établi à cet endroit un petit oratoire dédié à sainte Agnès et rattaché à Saint-Germain-l’Auxerrois. Le quartier se développa et fut nommé le « Nouveau Bourg Saint-Germain », aussi fallut-il envisager la création d’une nouvelle église.

Au début du 13ème siècle, celle-ci fut dédiée à saint Eustache. On y transféra des reliques de ce saint dont le corps, dit-on, reposait depuis un siècle à l’abbaye de Saint-Denis. En 1532, on posa la première pierre d’une nouvelle église financée par François Ier et qui fut agrandie jusqu’en 1640. Les travaux reprirent en 1665 avec l’aide financière de Colbert et en firent le plus grand édifice religieux de la Renaissance à Paris.

L’église Saint-Eustache fut, notamment, la première église à posséder le plus grand nombre de sépultures célèbres. « On y voyait celles de l’historien Haillan, mort en 1610, de Marie de Gournay, fille adoptive de Montaigne, de Voiture, mort en 1648, de Vaugelas, mort en 1650, de Benserade, de Furetière, du maréchal de La Feuillade, du maréchal de Tourville, du ministre Fleurien d’Armenonville, de Chevert. Le plus remarquable de ces tombeaux était celui de Colbert, sculpté par Coysevox et Tuby : on peut encore le voir dans la chapelle Saint-Louis-de-Gonzague. C’est à Saint-Eustache que l’on célébra les obsèques de La Fontaine, qui fut enterré au cimetière voisin de Saint-Joseph, ainsi que celles de Mirabeau, mais non celles de Jean-Baptiste Poquelin, l’archevêque ayant interdit l’accès de l’église à ce baladin. Comme son ami le fabuliste, Molière fut enterré au cimetière Saint-Joseph, en pleine nuit et à la clarté des flambeaux. » (« Guide de Paris mystérieux », p.423). L’apparence de cette église peut laisser un arrière-goût d’étrangeté, mais cela résulte tout simplement du fait qu’elle n’a jamais été terminée !

Il s’agit toutefois d’une des plus grandes églises de Paris, soit 105 mètres de long, ce qui en fait le plus vaste sanctuaire parisien après Notre-Dame.La statue de marbre sur l’autel, soit la Vierge tenant l’enfant, est de J.-B. Pigalle. Quant à la chapelle Saint-Pierre l’Exorciste, elle abrite une célèbre toile, communément attribuée à Rubens : Les Pèlerins d’Emmaüs. L’église Saint-Eustache, du fait de la proximité des Halles, fut, de tous temps, un centre important pour les corporations, les confréries de métiers. Citons, notamment, la confrérie de Notre-Dame de Bonne Délivrance, de saint Christophe et de saint Léonard, qui regroupait les fruitiers, les fromagers, les coquetiers et les beurriers ou encore celle de saint Eloi (orfèvres, joailliers, horlogers). Notons aussi que le banc d’œuvre de l’église présente une particularité : « à son revers, un cartouche renferme un faisceau de licteur entouré d’une couronne de feuilles de laurier. Certains ont voulu y voir les armes de Mazarin, d’autres un symbole républicain, ce qui assure la tradition, sauva le banc d’œuvre de la destruction en 1793. » (« Guide de Paris mystérieux, p.426).   

Eric TIMMERMANS.

Sources : « Connaissance du Vieux Paris », J. Hillairet, Editions Princesse, 1982 / « Enigmes, Légendes et Mystères du Vieux Paris », Patrick Hemmler, Editions Jean-Paul Gisserot, 2006 /