Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur revient sur la mise en place d’un fichage généralisé.
T.E.S. Et bien dites donc, entre les élections américaines et la primaire de droite, on a bien failli le louper. T.E.S, un acronyme presque anodin pour un projet qui l’est moins. T.E.S pour Titres Electroniques Sécurisés. Traduis du langage gouvernemental cela donne la plus grande base de données, le plus grand système de fichage de l’histoire de France appelé à contenir les données personnelles de 60 millions de français : numéros de carte d’identité, passeport, nom, photo, adresse postale et électronique et même votre signature. La totale quoi.
Et pour vous dire comment le gouvernement comptait nous avoir par surprise, le gouvernement a publié le décret de création le dimanche 30 octobre, dimanche de la Toussaint ! Quel bonheur que ce gouvernement de couards, de poltrons et de manipulateurs. Inutile de dire qu’aucune consultation préalable de groupes parlementaires, d’associations de défense des citoyens ou encore d’autorités administratives indépendantes comme la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) ou encore le CNNum (le Conseil National du Numérique) n’ont été saisies. L’opération était vraiment destinée à prendre tout le monde de court, c’est réussi. La CNNum s’est d’ailleurs auto-saisie hier pour demander au gouvernement de suspendre l’ouverture de ce fichier en soulignant la possibilité de probables dérives graves.
D’autres mettent en avant les risques de détournement de ce fichier à des fins de contrôle de la population comme par exemple l’identification systématique par reconnaissance faciale ou reconnaissance d’image tant pour des finalités policières qu’administratives
Plusieurs parlementaires sont aussi montés au créneau pour dénoncer le dysfonctionnement majeur de l’appareil démocratique que représente un décret pris en douce un dimanche. D’autres mettent en avant les risques de détournement de ce fichier à des fins de contrôle de la population comme par exemple l’identification systématique par reconnaissance faciale ou reconnaissance d’image tant pour des finalités policières qu’administratives. Autre gros point d’inquiétude, le risque de piratage des données d’autant plus grand qu’elles seront toutes centralisées. 60 millions de fichés, cela a tout bonnement une valeur inestimable pour des hackers indépendants, des entités commerciales ou étatiques qui sont très loin d’être des amateurs.
Et je vous garde le meilleur pour la fin, c’est la justification avancée par le gouvernement à l’édification de ce fichier : Lutter contre les faux papiers. Oui, vous avez bien entendu, les faux papiers. Seconde justification, celle de Valls, le retour les dix ans à venir des djihadistes d’Irak et de Syrie. On croit rêver. Hallucinant ! On va ficher un peuple entier pour le retour de quelques milliers de type que l’on devrait simplement priver de leur nationalité et interdire de rentrer.
On va ficher un peuple entier pour le retour de quelques milliers de type que l’on devrait simplement priver de leur nationalité et interdire de rentrer.
On se moque littéralement de nous et on en rirait bien si nous n’étions pas tous dans cette base. La disproportion entre les moyens employés et la finalité est tout bonnement aberrante. Mais surtout et très rapidement on peut douter de la destination réelle de ce fichier. Cher auditeurs, un nouveau palier vient d’être franchi dans la mise en place d’un totalitarisme soft mais bien réel. Et le pouvoir a parfaitement su exploiter l’état d’urgence et le contexte sécuritaire pour faire passer ce texte sans aucun débat, sans aucune délibération ni aucune publicité. Et Cazeneuve qui a l’outrecuidance de parler de transparence en arguant du fait que les ministres avaient été informé. Eh bien, ils se sont fait discrets ces ministres. On les entend moins que pour défendre la liberté de mouvement des migrants de Calais. Le pire est que s’y opposer légalement est presque impossible, le décret signé est passé au Journal Officiel. Les voies de recours sont de fait quasi-inexistantes.
Au moment où un sondage Ipsos met au jour le fait que 80 % des français trouvent que la démocratie fonctionne de moins en moins bien en France, la création d’un tel fichier est le signe d’une dérive oligarchique de nos élites qui sait que le peuple gronde et qui le craint.
Après le mariage pour tous, les impôts en hausse pour tous, les immigrés pour tous, voilà que le gouvernement nous impose le fichage pour tous. On aura tout eu, tout subi. Alors une fois n’est pas coutume, je vous souhaite une bonne première journée en Corée du Nord !