Expo : plein soleil au musée Marmottan-Monet

Expo : plein soleil au musée Marmottan-Monet

Paris Vox – Pour fêter les 150 ans de l’iconique Impression, soleil levant, tableau peint par Monet le 13 novembre 1872, tout tourne autour du soleil au musée Marmottan-Monet.

Divinité en Egypte, en Grèce et à Rome, luminaire créé par Dieu chez les Juifs et les chrétiens, pivot de l’univers pour la science puis étoile parmi d’autres… L’idée que se fait l’homme du soleil a évolué sans que sa présence dans les arts – qu’il soit symbole, allégorie ou réalité – ne se démente, et sans que les significations antérieures ne disparaissent tout à fait.

Dans l’art chrétien, le soleil apparaît avec la lune au moment de la crucifixion (ivoire médiéval), souvent orbe noir, éclipsé au moment de la mort du Christ, et dans la vie des saints à l’occasion : ainsi d’une Vision de saint Benoît (par Giovanni del Biondo, fin XIVe) où le soleil rayonne puissamment… mais en réalité c’est la Terre qui apparaît sous cette forme puisque l’homme de Dieu vit le monde entier « comme ramassé dans un rayon de soleil ».

Au temps du règne de la peinture d’histoire, la chute d’Icare et la chute de Phaéton (traitées par exemple par Carlo Saraceni au début du XVIIe) sont évidemment des sujets de choix. Dans le domaine paysager, l’impossibilité de regarder le soleil en face a longtemps fait incliner les peintres à le représenter au lever et au coucher du soleil (Monet, Turner, Courbet ; un très joli Pissarro, Bazincourt, effet de neige. Coucher du soleil, 1892), ou bas sur l’horizon, d’où sa présence chez de nombreux peintres nordiques. Mais les peintres modernes, au fur et à mesure qu’ils se libèrent de l’impératif naturaliste ou « imitatif » vont oser le soleil aveuglant : le Suisse Albert Trachsel, le Norvégien Munch dont le grand tableau est impressionnant (le musée d’Orsay en présente une autre version dans le cadre de l’actuelle monographie dédiée au peintre). Il ne manque peut-être, dans ce choix heureux dans sa variété, et pour illustrer ce point précis, qu’un tableau de Van Gogh ? Mais l’exposition permet de découvrir un tableau de Maurice Denis jamais exposé au public : Saint François recevant les stigmates. L’artiste redonne jeunesse au vieux motif de la gloire : à travers les nuages, un soleil rayonnant.

Jusqu’au 29 janvier 2023

Maurice Denis, Saint François recevant les stigmates, 1904. Huile sur panneau, 60,5 x 115,5 cm Paris. Collection particulière. © Christian Baraja SLB