Paris Vox (Tribunes) – Avec la rentrée, c’est le retour de la retranscription écrite des chroniques d’Arnaud de Robert sur Radio Libertés, désormais hebdomadaires. Aujourd’hui, Arnaud de Robert revient sur la “vraie nature” d’Emmanuel Macron.
Je lis souvent voire trop souvent sur les réseaux sociaux « Vous avez vu ? Macron a fait ceci, c’est vraiment une mesure de gauche ça ! » Ou encore « Regardez ce que fait Macron pour les patrons, une vraie politique de droite libérale ! ».
Je vais donc répéter encore une fois ce que je développais déjà à ce micro au début de la campagne électorale des présidentielles. Macron n’est ni de gauche, ni de droite, c’est un banquier, un pur produit de synthèse de l’oligarchie prédatrice de domination. S’évertuer à lui chercher des filiations à gauche ou à droite est une complète perte de temps doublée d’un anachronisme d’analyse absolument stérile. Macron et ses équipes ont depuis longtemps largement dépassé ces concepts, après les avoir digérés et liquéfiés. Le paysage politique français a volé en morceaux et la plupart des partis politiques ont justement lourdement pâti du positionnement « au-delà » de Macron. Mais il semble bien que les vieux concepts aient la vie dure et que tout le monde fasse semblant de ne rien voir, en continuant à penser l’affrontement présent dans les termes de la fin du 20ème siècle. Et personne ne voit non plus que ces régression analytiques, cet entêtement routinier à maintenir le politique dans des hémiplégies incapacitantes fait précisément le jeu des macroniens qui, bien que surfant sur un parfait vide idéologique, remplissent les incapacités politiques traditionnelles par leur concepts pseudo-novateurs, occupant ainsi pratiquement tout l’espace communicationnel.
Un banquier n’a pas d’idéologie, de valeurs ou de principes.
Redisons-le encore, un banquier n’a pas d’idéologie, de valeurs ou de principes. Un banquier a des stratégies de conquêtes fondées sur deux vecteurs fondamentaux : la survie du système qu’il promeut et le gain. Si guerre des classes il y a, elle se résume alors dans l’opposition fondamentale entre l’oligarchie dominante et le reste du monde, c’est-à-dire les 99% de gens qui n’appartiennent pas à cette oligarchie. C’est tout. L’action d’Emmanuel Macron est avant tout guidée par l’obsession continuelle du profit, c’est simple. Tout ce qui l’entrave – identité, solidarité, culture, usages, communautés, Histoire, géographie, écologie … – doit-être au mieux neutralisé sinon détruit. Et le politique en fait bien sûr partie ! Macron a d’ailleurs presque failli réussir à détruire totalement le politique lors de la séquence des présidentielles. Depuis, il s’évertue à le contingenter, à le ringardiser tout en affirmant que la vraie politique – entendre ici en fait la gestion managériale de l’entité économique et financière France – se joue « au-delà », dans une sorte de concrétude ultra-libérale. Là seulement se manifestent ses obsessions : flexibiliser, assouplir, réformer, désanctuariser, moderniser, adapter sans cesse, libérer, changer … Là aussi se construit le vrai édifice macronien à savoir la totale métamorphose d’un pays en une entreprise rentable, dédiée au profit des riches.
C’est pour cela que son gouvernement, si hétérogène au premier abord a en fait été construit avec l’objectif d’une redoutable efficacité. Il rassemble toutes celles et ceux qui, de gauche comme de droite, ont compris qu’il fallait lisser le terrain pour maximiser les profits. Il n’y a donc pas de paradoxe à voir se côtoyer Chiappa et Lemaire. L’une détruit les ressorts culturels de ce pays, l’autre ouvre la start-up France aux investisseurs. Comme le dit Jean Gabin dans le film « le président » en 1963, « ce n’est plus un gouvernement, c’est un gigantesque conseil d’administration ! ».
Sarkozy et Hollande ont préparé l’union de la finance et du pouvoir, avec Macron ils ne forment plus qu’un. Il est donc inutile et improductif de chercher des solutions de lutte à gauche ou à droite, en poursuivant des schémas dépassés. Contre ce système il n’y a qu’une voie, celle de l’organique, de la substance, de l’essence. Car ce que nous avons à défendre aujourd’hui ce ne sont plus tellement des idées, mais c’est nous-même, nous en tant que peuple, en tant qu’entité historique, en tant que réalité génétique, en tant qu’espace distinct, en tant que civilisation. Le combat est donc simple mais mortel : c’est eux ou nous. Il va falloir choisir. Bonne semaine.