Paris Vox – Redécouvrez les grands monuments de Paris, ses rues, ainsi que l’Histoire, petite ou grande, de la capitale.
Alphonsine Plessis, modèle de la Dame aux Camélias.
Marguerite Gautier, la Dame aux Camélias.
La Dame aux Camélias (1848) est, on le sait, le titre d’un roman d’Alexandre Dumas fils (1824-1895). Cet ouvrage inspira en outre l’opéra de Verdi, La Traviata. Le thème de ce roman est une histoire d’amour entre une courtisane atteinte de phtisie, Marguerite Gautier, et un jeune bourgeois, Armand Duval. Armand tombe amoureux de Marguerite et obtient d’elle qu’elle abandonne sa vie de courtisane. Il l’emmène avec lui à la campagne. Mais l’idylle est rompue par le père d’Armand. Abandonnée de tous, Marguerite va succomber à la phtisie au cours d’une agonie sans fin durant laquelle elle ne peut que rêver à ce qui aurait pu être. L’intérêt de ce roman réside essentiellement dans le portrait saisissant qu’il donne de la vie parisienne mondaine du 19e siècle, ainsi que de la réalité du monde des courtisanes de cette époque. La phtisie est aujourd’hui connue sous le nom de tuberculose pulmonaire.
Alphonsine Plessis alias Marie Duplessis.
En fait, le roman de Dumas fils est largement autobiographique puisqu’il s’inspire de ses propres relations avec la demi-mondaine Marie Duplessis. Alexandre Dumas est le fils naturel d’Alexandre Dumas père et de sa voisine de palier, Catherine Laure Labay. Déclaré de père et de mère inconnus (son père ne le reconnaîtra qu’en 1831), Alexandre vécut très mal son statut d’ « enfant bâtard », tel qu’il le désignait lui-même, et nourrira toute sa vie un profond ressentiment à l’égard de son père. En 1844, Alexandre a 20 ans et il fait la rencontre d’une jeune femme du même âge : Alphonsine Plessis. Celle-ci, née dans un village normand le 16 janvier 1824, connaît dans son enfance l’extrême pauvreté. Montée à Paris à l’âge de 15 ans et gratifiée d’une très grande beauté, elle deviendra, un an plus tard, la courtisane la plus recherchée et la plus onéreuse de Paris. Elle se cultive, apprend le piano et développe une intelligence particulièrement vive. Alphonsine se met dès lors à tenir un salon que fréquenteront nombre d’écrivains et de politiciens en vue. Elle se montre au bois de Boulogne et à l’Opéra et change son nom d’Alphonsine Plessis pour celui, plus aristocratique, de Marie Duplessis. Sa vie durant, sa discrétion, son intelligence et son esprit éblouiront le Tout Paris. C’est en septembre 1844 qu’elle fait la rencontre d’Alexandre Dumas fils qui tombe éperdument amoureux d’elle. Marie lui apporte la stabilité dont il a besoin et deviendra, sous la plume de l’écrivain, le sujet de La Dame aux Camélias. Mais c’est là une idylle qui, l’on s’en doute, ne pouvait durer bien longtemps : en août 1845, Marie et Alexandre rompent. Marie Duplessis va poursuivre une vie de courtisane qui, d’aventures en mariages avortés, n’a rien à envier à celle de la Marguerite Gautier du roman de Dumas. Après l’échec de son mariage, à Londres, avec le comte Edouard de Perrégaux, en janvier 1846, Marie rentre en France où elle sombre définitivement dans l’agitation et la dissipation. Elle s’éteint, pratiquement abandonnée de tous, un an plus tard, dans son logement du boulevard de la Madeleine. Elle avait 23 ans.
Marie Duplessis à Paris.
C’est au n°11 (ou n°17) du boulevard de la Madeleine que vécut Alphonsine Plessis, alias Marie Duplessis, modèle de la célèbre Dame aux Camélias de Dumas fils. « Son appartement, situé à l’entresol, comprenait une antichambre, un salon, une salle à manger, une chambre à coucher et un boudoir. Loyer annuel : 3.200 francs. » (Connaissance du Vieux Paris, p.266). Elle y mourut le 3 février 1847. Sa tombe, située au cimetière de Montmartre, fut élevée par les soins du comte de Perregaux qui fut son époux durant trois mois. Notons toutefois que Hillairet, dans sa « Connaissance du Vieux Paris », donne comme adresse le n°17 boulevard de la Madeleine (en lieu et place du n°11) et donne encore un autre lieu de résidence de la Dame aux Camélias, soit le n°9 avenue Franklin Delano Roosevelt (8e). L’avenue Roosevelt changea souvent de nom : allée du Cours (1723), allée du Roule (1763), allée d’Antin puis avenue d’Antin (jusqu’en 1918), ensuite Victor-Emmanuel III, jusqu’en 1945, date à laquelle elle prend son nom actuel.