« La morsure des Dieux », nouveau film de Cheyenne Carron

« La morsure des Dieux », nouveau film de Cheyenne Carron

Paris Vox – S’il est une terre « identitaire », c’est à dire un lieu où le sentiment d’appartenance local et régional est vif, enraciné, intégré par le peuple qui y vit, où l’attachement aux traditions  ne s’est pas encore mué en « folklore » ou en simple «nostalgie», c’est bien le Pays Basque. Cette région, magnifique et altière, est le décor choisi par la prolifique réalisatrice indépendante Cheyenne Carron pour son nouveau film « La morsure des Dieux ». Choix judicieux pour une œuvre traitant de transmission, d’attachement à la terre, de spiritualité et d’amour…


Au visionnage, le premier constat est la totale réussite esthétique du film, le spectateur est emporté, enivré par la beauté des images, l’élégance des perspectives, la puissance des lieux. Le paysage est un véritable personnage du récit, il respire et vit  autant que ceux qui l’habitent.

« La Morsure des Dieux » met en scène l’histoire d’amour de Sébastien (François Pouron), paysan basque païen, et Juliette (Fleur Geffrier), aide-soignante catholique.  Ils sont beaux, ils ont le cœur pur et l’âme élevée, ils s’aiment… cela pourrait être niais, c’est beau et touchant, parfois même poignant. Car la toile de fond de cet amour qui pourrait être idyllique est un drame terrible et accablant: la disparition de « l’ancien monde », celui des paysans, des hommes enracinés, des fermes transmises de génération en génération, des peuples inextricablement liés à leur terre… La description de ce monde à la fois fier et subclaquant, de ces paysans acculés qui tentent d’être solidaires mais sont rattrapés par les égoïsmes que créé aussi la précarité, est peut-être la partie la plus aboutie et intéressante du film, les acteurs y sont d’une confondante sincérité et l’on ne peut que ressentir une empathie viscérale pour ce combat contre le fatalisme d’une extinction annoncée par la mondialisation, les banques et la grande distribution enlacées.

On pourra être moins convaincu par le second axe du film, le dialogue païens/chrétiens, d’une part parce qu’il est excessivement déséquilibré en faveur des premiers et, d’autre part, par ce qu’il est parfois trop pédagogique, trop didactique et que l’on peine à croire à ce jeune paysan qui se met soudain à parler comme un professeur d’histoire des religions qui aurait (trop) bien appris son programme par cœur.

Reste un film sensible et émouvant, abordant avec force et sincérité des thèmes trop peu évoqués par le 7e art… Une belle respiration dans la production cinématographique française actuelle.

Pour commander le film:

http://www.cheyennecarron.com/