Expo : le cabinet des curiosités de Dresde

Expo : le cabinet des curiosités de Dresde

Paris Vox – LES PLUS BELLES PIÈCES DU KUNSTKAMMER DES PRINCES ÉLECTEURS DE SAXE, CRÉÉ AU XVIe SIÈCLE, SONT EXPOSÉES AU MUSÉE DU LUXEMBOURG. NON SANS QU’IL SOIT CRACHÉ DANS LA SOUPE.

Ces merveilles et curiosités se répartissent en artificialia, scientifica, naturalia et ethnografica. Aucune limite à l’intérêt des princes, en particulier pour les matières ouvragées : nautiles du Pacifique, ivoire d’Afrique, porcelaine de Chine, nacre d’Inde, corail, jade… Un fragment de dent de narval accrédite l’existence des licornes. Pas moins de diversité en ce qui concerne les armes : masses brésiliennes, lames japonaises, lances africaines, poignard ottoman, kriss malais !

Beaucoup d’objets témoignent des savoir-faire européens, lorsque des artisans de la cour montent en coupe une noix des Seychelles ou de gros coquillages, avec un travail d’orfèvrerie remarquable et véritablement princier. Egalement, des savoir-faire exotiques, comme cet Enfant Jésus sculpté à Ceylan où les élites étaient converties au christianisme.

Mais la plus grande curiosité ne vient pas du cabinet du prince électeur, non, elle vient de l’exposition elle-même qui présente dans le parcours une vidéo sur les « migrants » qui font naufrage en venant en Europe. C’est la cerise sur un gâteau déjà bien goûtu politiquement : la présentation est une exposition à charge contre l’Européen et sa « prétendue supériorité ». Les objets collectés ? « Symboles de domination », ils permettent à leurs propriétaires « d’affirmer leur pouvoir ». Les représentations des indigènes sont « stérotypées et inégalitaires » et légitimaient « la domination coloniale et l’esclavage ».

Les empires chinois et turc, très présents dans l’exposition, n’ont pas droit à ce traitement. Quelque chose me dit qu’ils durent pourtant éprouver eux-mêmes un sentiment de « prétendue supériorité ». La statuette d’un janissaire sculptée dans l’ivoire est présentée sans aucun avertissement. Le visiteur ne se voit pas notifié que le corps des janissaires était constitué d’enfants chrétiens kidnappés, convertis à l’islam et « esclaves de la Sublime Porte » comme soldats du sultan. Rappeler cela reviendrait à relativiser la culpabilité de l’homme blanc, et coupable, il faut qu’il le soit, wokisme oblige. Quand bien même les cabinets de curiosité proclameraient son intérêt intellectuel et son attirance esthétique pour tout ce qui n’était pas lui.

Samuel

Enfant Jésus sur socle. Sri Lanka, début du XVIIe siècle, grenat, cristal de roche, or, serti de pierres. H 10,3 cm. © Grünes Gewölbe, Staatliche Kunstsammlungen Dresden / Carlo Böttger