Paris Vox (Tribune) – Chaque semaine, en partenariat avec Radio Libertés, nous publions la retranscription écrite de la chronique d’actualité et d’analyse d’Arnaud De Robert. Aujourd’hui, il revient sur la mulitplication des communautarismes revendicatifs et des “fiertés” qui vont avec.

Depuis quelques semaines c’est le retour des beaux jours. Et désormais, la fin du printemps rime avec les sempiternelles marches des fiertés. Et quelles fiertés ! J’ai peine à toute les prononcer, non que cela m’écorche la bouche, mais tout simplement parce que cette novlangue est juste infernale : Les fiertés sont donc celles des LGBTQIA+ ! Traduisez : Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersexe, Asexuel, le « + » associant tous les autres genres et toutes les autres formes de sexualités. Que l’ensemble de ces minorités existe je n’en doute pas. La modernité a cela de fatiguant c’est qu’elle aime à séquencer le réel en petites tranches égotiques dans lesquelles une déviance devient un drapeau. Que tous les représentants de ces minorités soient finalement très fiers de ce qu’ils sont, là aussi rien d’étonnant. Le syndrome Amélie Poulain étant passé par là, chaque vie, si insignifiante soit-elle devient un Koh-Lanta existentiel, un show dont on doit montrer et magnifier tous les aspects. Narcissisme maximaliste résultant du totalitarisme individuel sur fond de réseaux « sociaux » et d’excentrisme de niche. Non, la seule chose vraiment gênante là-dedans c’est qu’il n’y en fait aucune once de fierté mais toujours la volonté de revendication et d’éradication. Je veux bien croire qu’être homosexuel ne relève pas du choix, mais cela n’en fait pas pour autant une norme.

Narcissisme maximaliste résultant du totalitarisme individuel sur fond de réseaux « sociaux » et d’excentrisme de niche.

De la même manière, être gros peut relever d’une maladie, d’un déséquilibre génétique, mais ne doit en aucun cas devenir une revendication. Or toutes ces caractérisations sont en train de devenir totalitaires. Les grosses expliquent que les femmes minces sont une insulte à leur quotidien, les noirs que les pansements blancs sont racistes, les végétariens que les amateurs de viandes sont des génocidaires, les nains que les gens de taille normale sont peut-être finalement les vrais difformes, etc … Récemment, une de mes étudiantes à qui je répondais que mes racines étaient 100% européennes m’a dit que je n’avais donc pas « d’origines », sous-entendu que je n’avais pas dans mon sang une provenance minoritaire. Mais d’où cette idée peut-elle venir ? La réponse se trouve dans la société libérale qui a créé et commercialisé voilà plusieurs décennies une dictature de la beauté physique fondée sur le « zéro défauts » couplée à la nécessité d’une intelligence prédatrice (le fameux manager) elle aussi proche de la perfection.

La réponse se trouve dans la société libérale qui a créé et commercialisé voilà plusieurs décennies une dictature de la beauté physique fondée sur le « zéro défauts » couplée à la nécessité d’une intelligence prédatrice (le fameux manager) elle aussi proche de la perfection.

Logiquement, cela allait créer en résonnance des légions de laissés pour compte. Les voilà aujourd’hui, grâce à internet, en capacité de manifester, de militer pour leur dissonance, de la revendiquer et d’en faire un droit opposable à celui d’une majorité perdue dans le politiquement correct. J’appelle par praticité ce phénomène « la revanche des moches ». Je vous en donne le pourquoi. Il y a quelques temps, on m’a envoyé via un réseau social le profil et les posts d’une femme obèse. Cette femme expliquait revendiquer son obésité, lutter donc contre la grossophobie et surtout, comme internet finit toujours en lupanar, prôner le polyamour, la confusion des genres. Et de rajouter au cas où nous n’aurions pas compris qui était l’ennemi, qu’elle prenait un malin plaisir à casser du mâle cisgenré, comprenez hétérosexuel et forcément blanc. Bref, cette pauvre fille, grâce à toutes ces théories fumeuses du genre, grâce aussi aux amplificateurs que sont les réseaux sociaux s’était muée en commissaire politique autoritaire au service du gras, de l’indistinct et de la confusion. Toute une « diversité » défendue parce que sélectionnée, triée, haineuse et revancharde. Une « diversité » pourtant insignifiante, inintéressante et au final factice parce qu’elle-même fille monstrueuse d’une dictature esthétique reposant sur le marché. En fait on assiste dans cette post-modernité au combat entre la salle de gym et le Mac Do. En dehors de cela, les gens normaux tous fachos bien sûr. Le simple fait que nous existions les renvoie à leur médiocrité. Quelle tristesse quand on pense que cette femme il y a quelques décennies aurait comme toute « bonne fille » de village fini par trouver un « bon gars » pour la marier et lui faire de solides enfants. Avoir transformé la fierté d’être soi en une revendication minoritaire psychopathique, voilà sans doute la plus grande manipulation de l’ingénierie sociale moderne. A l’heure des grandes fractures anthropologiques que cela génère rester soi-même, protéger son intégrité morale, physique, identitaire et culturelle est devenu le cœur de la lutte. Il ne nous reste que cette fierté ! Bonne semaine.