Paris à poils!

Paris à poils!

Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur analyse le projet de “camp naturiste” en plein Paris.


 

Oui, le projet d’un espace naturiste à Paris est indécent.  Oh non, pas parce que l’on va y trouver des gens nus. Le naturisme en soi ne me choque pas le moins du monde. C’est un courant encré dans la culture européenne et, il a, je le rappelle, au début du 20e siècle grandement participé du mouvement de la Grande Santé qui a permis de réhabiliter entre autre le sport à l’école et l’éducation physique pour tous. Le naturisme existe sous sa forme moderne depuis plus d’un siècle dans notre pays et n’a jamais gêné personne.

Cette ville, autrefois centre du monde, ville-lumière que tout le monde nous enviait, ploie sous l’impéritie d’une gestion clientéliste désastreuse

Non, ce qui me choque fondamentalement, profondément c’est que c dossier atterrisse maintenant, en cette rentrée au conseil municipal de Paris. Il n’y a décidément que les bobos parisien déconnectés du réel, en l’occurrence les  élus écolos de la majorité municipale, pour être capables de donner de la publicité à un tel dossier alors que la capitale de la France est dans un état lamentable. Cette ville, autrefois centre du monde, ville-lumière que tout le monde nous enviait, ploie sous l’impéritie d’une gestion clientéliste désastreuse. Paris,  dont une amie américaine me disait récemment « on dirait New-York mais en plus sale » nécessite un autre traitement que l’ouverture d’un camp de naturistes. Selon une étude récente le nombre de SDF y a augmenté de 50%, le coût de la vie n’a pas baissé, l’insécurité non plus encore moins l’immigration et on doit rajouter maintenant toutes les hordes de migrants plus ou moins récents qui se répandent en squat et camps à ciel ouvert au point que l’on fait appel aux universités pour héberger les néo-arrivants. Paris dont la circulation impossible mériterait bien plus que des voies sur berges piétonnières, Paris désertée par les touristes à qui l’on explique que c’est devenu une zone de guerre. Mais ce Paris là les bobos ne le voient pas ou plutôt font semblant de ne pas le voir. Ne sortant jamais ou presque de leurs arrondissements fétiches, ils vivent dans un Paris de pacotille, posé sur quelques rues et théâtres, jalonnés par de magasins bio, des centres de fitness et des restos japonais. Ignorants volontaires d’une réalité sociale sombre qu’ils méprisent, ils jouent de Paris comme d’un jeu vidéo, un Simcity grandeur nature qui n’a d’autres limites que celles de finances de la ville. Les jardins pharaonique des Halles, des voies piétonnes n’importe où au détriment des commerces et des livreurs, des parkings hors de prix pour écarter le prolo de banlieue, des logements HLM réservés aux copains designers ou stylistes, le délire narcissique des bobos au pouvoir dans la capitale est sans fond.

le délire narcissique des bobos au pouvoir dans la capitale est sans fond

Cette arrogance, ce dédain et cette morgue sont à l’image de ce que traversent bon nombre de villes occidentales désormais peuplées d’une faune déracinée mais hyperconnectée qui projette ses fantasmes sur l’urbain. Mai c’est aussi l’expression de cette humanité nouvelle qui se nourrie de toutes les différences et conjugue le « vivre-ensemble » en mode minoritaire. Les gays, les noirs, les naturistes, les grands, les gros, les aveugles, les fétichistes, les dépressifs … chaque catégorie pourvu qu’elle représente une déviance ou un handicap à la mode a ou aura tôt ou tard son lieu, ses horaires réservées, sa représentation au conseil. Mouvement infini de décomposition du réel par des particularismes relevant autrefois de la sphère privée et aujourd’hui érigés en modes de vies, sous-cultures et bien sûr parts de marché. Alors oui, ce projet de camp naturiste est indécent. Indécent pour cette mamie de 90 ans mal-logée et qui attend depuis vingt ans que son dossier passe entre deux familles immigrées. Indécent pour Jean-Paul à la rue depuis huit ans, sans famille ni ressources et qui préférerait mettre un toit sur sa tête plutôt que de se balader à poil. Indécent pour ces banlieusards à qui Vinci extorque sans vergogne 5 euros de l’heure au moins le droit de poser leur voiture. L’âme tourmentée mais envoûtante de cette ville  est en train d’être liquéfiée par des bourgeois en mal de transgression. C’est le destin des métropoles à l’ère de la mondialisation. Des déserts de pierre comme disait Ernst Junger. Bonne journée !