Trump: ne pas bouder son plaisir

Trump: ne pas bouder son plaisir

Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur revient sur l’élection de Donald Trump et l’emballement médiatique qui l’a accompagné.


 

Hier, l’élection surprise de monsieur Donald Trump à la présidence des Etats-Unis d’Amérique a été pour beaucoup d’entre nous l’occasion de quelques moments de joie et de jubilation ne serait-ce qu’en voyant les mines déconfites des commentateurs, journalistes, spécialistes et sondeurs français ou américains. C’est bien simple, pour ceux qui ont suivi la nuit de dépouillement des scrutins, on est passé en quelques heures de l’euphorie médiatique pontifiante à l’abattement version gueule de bois. Rien que pour cette tragi-comédie, l’élection du 45e président des Etats-Unis valait le détour. Et j’ai beau ne pas être un grand démocrate, il y a des moments ou les élections sont tout de même un spectacle amusant.

Autre point de satisfaction, le dynamitage de la candidate des médias et de l’oligarchie par le bas et plus exactement par les reds necks, ces petits blancs que personne ou presque n’avait vu venir. Eux qui ont souffert ces dernières années autant sur le plan identitaire que social et économique, se sont massivement tourné vers Trump. Une leçon que beaucoup en Europe et en France devraient retenir. C’est en quelque sorte la victoire de monsieur tout le monde. Mais ce n’est pas pourtant la défaite de l’establishment, n’en déplaise aux enthousiastes et aux amateurs de raccourcis.

Trump aura besoin de la coopération de toute la structure étatique, ce qui augure de nécessaires ajustements et concessions.

Non, sans doute qu’un pan de l’oligarchie est bien cocu depuis hier aux Etats-Unis, mais l’Etat profond demeure, les institutions demeurent, les corps administratifs sont en place, la finance n’a pas bougé, bref Trump ne gouvernera pas seul. D’autant que Trump n’a pas à proprement parler de programme politique mais un projet de société. Cette différence notable exige que ce projet soit transcrit techniquement, physiquement dans le réel. Pour cela Trump aura besoin de la coopération de toute la structure étatique, ce qui augure de nécessaires ajustements et concessions.

Ensuite, ne pas oublier non plus que la plupart des cadres du parti républicain, majoritaires aux deux chambres ont été massivement contre Trump, y compris pendant la campagne. Le président aura donc une majorité sur le papier mais dans les faits, cela risque d’être bien plus compliqué. Ne pas bouder son plaisir, mais aussi sevrer les engouements excessifs en rappelant qu’hier ce n’est pas le président de l’Occident qui a été élu. Et même s’il est indéniable que cette élection a et aura un impact fort en Europe et en France, et malgré des préoccupations populaires communes (immigration, chômage, précarité, perte d’identité), les Etats-Unis et l’Europe ne doivent pas être confondus. Symétrie ne signifie pas symphonie.

C’est l’immigration et un protestantisme sectaire et illuministe qui ont forgé la mentalité américaine

Les fondements historiques, culturels, politiques et économiques sont dissemblables. C’est l’immigration et un protestantisme sectaire et illuministe qui ont forgé la mentalité américaine. C’est en grande partie l’héritage gréco-chrétien et l’homogénéité ethnico-culturelle qui bâti l’Europe. Par bien des côtés, l’Amérique nous est aussi étrangement étrangère que la Russie. Et puis, il ne faut pas oublier que Trump a été porté au pouvoir par de forts courants isolationnistes, courants qui émergent cycliquement et voient l’Amérique se refermer sur ses seules préoccupations.

Il est de toute façon bien trop tôt pour juger de quoi que ce soit de la politique de Donald Trump. Il a beaucoup promis, il devra démontrer. Il a levé d’immenses espoirs, gageons que ces derniers ne soient pas déçus. Mais ces espoirs sont d’abord ceux du peuple américain, lui qui a appelé et élu Trump. Si cette élection peut faire sauter en Europe et en France des verrous psychologiques lors des votes à venir, Donald Trump est et restera d’abord et avant tout le président des américains, serviteur de leurs intérêts.

Il ne faut pas surinvestir cet homme et ce qu’il représente

Il ne faut pas surinvestir cet homme et ce qu’il représente. Et puis, il ne faut pas oublier surtout qu’entre l’Orient satrapique et l’Occident atlantique existe une entité à laquelle nous tenons pour notre berceau, l’Europe. N’étant ni vassaux de l’est, ni de l’ouest c’est pour elle que nous nous battons et pour son cœur ardent, la France. Si un quelconque effet Trump peut servir la France, Tant mieux ! Mais ses premiers serviteurs, c’est nous ! A nous forger les armes de notre volonté ! Bonne journée !