La République des fondés de pouvoir…

La République des fondés de pouvoir…

Paris Vox – Dorénavant, Paris Vox publiera régulièrement la retranscription écrite de la chronique de commentaire d’actualité d’Arnaud de Robert diffusée dans la Matinale de Radio Libertés. Aujourd’hui, notre chroniqueur se penche sur l’utilité du gouvernement dans le contexte actuel.


 

Mais à quoi peut bien servir un gouvernement aujourd’hui ? Cette question je vous l’avoue je me la pose depuis un bon moment et elle est revenue à intervalles bien plus réguliers durant le quinquennat de François Hollande. Oh, ce n’est pas qu’il me manque des éléments de réponse non. Mais je n’avais pas pris le temps de les ordonner. Alors ce matin, j’ai décidé de me livrer à un petit exercice de décryptage, une petite analyse non exhaustive mais synthétique de la fonction gouvernementale en ce début de 21è siècle. Tout d’abord il nous faut prendre conscience que nous vivons dans des systèmes étatiques à souveraineté limitée.

Nous vivons dans des systèmes étatiques à souveraineté limitée.

La nature du pouvoir, du pouvoir profond échappe au politique. Ou plus précisément, dans l’ordre du commandement du réel, le politique est désormais tributaire, soumis à l’oligarchie financières. Pour continuer à exister et à permettre l’illusion du pouvoir dit démocratique, le monde politique est obligé de s’hybrider, de fusionner avec les oligarchies financières des banques, des fonds de pensions. A preuve, l’entrée de plus en plus massive de grands cadres bancaires dans les gouvernements occidentaux à l’instar de Macron, Mario Monti, Papademos, Mario Draghi en Europe ou encore Henry Paulson et Georges Rubin aux Etats-Unis pour ne citer que quelques-uns des ex-cadres des grandes banques mondiales qui pullulent dans les sphères exécutives. A preuve aussi le reclassement de Manuel Barroso, ancien prédisent de la commission de l’U.E. chez Goldman-Sachs, je vous en ai déjà parlé. A ce point de collusion, les gouvernements nationaux ne sont plus à mon sens que les représentations temporaires des intérêts et des stratégies de la finance internationale. Au point d’ailleurs que l’appartenance idéologique, les ancrages militants volent en éclats sur l’autel de la servitude.

L’appartenance idéologique, les ancrages militants volent en éclats sur l’autel de la servitude

Ce quinquennat par exemple, nous aura donné à voir le spectacle de la liquéfaction de la gauche française et sa transformation rapide en gauche du Capital, versant libéral-libertaire de la conduite oligarchique des affaires. Sur ce point au moins Hollande aura été fidèle à son slogan « Le changement c’est maintenant ». Mais alors me direz-vous pourquoi y a-t-il encore du politique ? Pourquoi l’oligarchie ne prend-elle pas directement les pouvoir ? Et d’abord parce que le système dans lequel nous vivons – survivons serait plus juste d’ailleurs – est un système de souffrance sociale, économique et identitaire. Et les peuples, malgré leur hébétude ne sont pas encore totalement lobotomisés. Il se trouve partout des lucides qui désignent l’ennemi et stigmatisent de manière probante l’appareil oligarchique financier. Il faut donc un décorum, un paravent, un déguisement à ces agissements mus par le plus cynique des profits. Et c’est là que le gouvernement trouve toute son utilité et son sens. Son rôle, au-delà d’enregistrer les consignes du FMI des banques mondiale est purement et simplement de nous divertir. Oui, de nous divertir par une représentation théâtrale plu ou moins burlesque que l’on appelle encore par commodité « démocratie ». Et même si le feuilleton démocratique commence à lasser une part de plus en plus grande des citoyens occidentaux, sa diffusion en continu occupe, divertit, divise, interpelle. Et la production met le paquet pour ne jamais relâcher l’attention de peuples sur l’accessoire, le périphérique. En ce sens, le quinquennat de Hollande aura été un modèle du genre. Pas une semaine sans un enfumage, un psychodrame sociétal. Tout est bon pour détourner les citoyens de l’essentiel et des enjeux fondamentaux. Léonarda, l’euro de foot, le mariage pour tous, le burkini, les migrants voire même les attentats, ont couvert la disparition du CDI, les préparatifs du TAFTA, les blocages de salaires, la suppression des heures sup, le relèvement de l’âge de départ à la retraite, la dérégulation exponentielle du business … Et quand cela ne suffit pas, on convoque le grand « Satan nazi » ce qui donne l’affaire Dieudonné, ou Millet et permet de brandir le chiffon pourtant bien décrépi de la menace fasciste. Cela risque d’ailleurs aussi de devenir le centre de la campagne présidentielle : battre Marine Le Pen, sauver la France du complot nazi … pour remettre sur le trône un sous-fifre du grand Capital bien sûr !

De quoi relativiser la valeur fondamentale des prochaines présidentielles non ? Allez, bonne journée.