En été, le cadeau de Noël sent le sapin…

En été, le cadeau de Noël sent le sapin…

Paris Vox (Tribune) – Chaque année, 100 000 animaux sont abandonnés. Parmi eux, près de 60 000 font les frais de l’été.


 

étéIl est 21 heures, nous profitons des derniers rayons de soleil parisien. Mon amie vétérinaire reçoit un appel. C’est la police. Alertés par des voisins pour des bruits suspects, ils viennent de forcer la porte d’un appartement. A l’intérieur, un petit bouledogue et un minuscule chihuahua. Ils sont visiblement restés enfermés depuis plusieurs jours, sans nourriture, sans eau. Les propriétaires ont quitté leur logement en les abandonnant là, pour rejoindre les plages estivales. L’été a bel et bien commencé, sale temps pour les animaux.

Voilà six mois que Noël est passé. Les labradors affublés d’un nœud sur la tête ou les chatons asphyxiés dans un paquet cadeau pour l’occasion étaient à la fête. Avec la montée des températures, la boule de poil faisant office de présent va à encore rejoindre le sapin. Cette fois, il ne s’agit pas de celui du salon, mais une forêt dépeuplée avec un fer froid comme seule attache. Arrimé là, perdu, l’ultime vision de son propriétaire se résumera à une voiture qui redémarre, comme pour sonner le début du cauchemar. Le temps sera long avant qu’un promeneur s’arrête pour mettre un terme à ce calvaire d’incompréhension. Beaucoup d’autres auront détourné le regard. Mais une fois rescapé par une bonne âme, le drame n’est pas fini. Souvent, le trajet supposé de la délivrance sera le dernier.  Faute de place, les refuges sont contraints d’euthanasier un grand nombre d’animaux orphelins.

Pour les animaux exotiques, le rejet est encore plus clair.  Certains se retrouvent tout simplement sur la poubelle

D’autres propriétaires démissionnaires optent pour une méthode plus « humaine ». Au crépuscule ou à l’aube, ils déposent leur encombrant animal aux portes du chenil. Certains innovent en les jetant par dessus les grilles, sans se soucier des blessures engendrées par la chute, sans se soucier de rien.

Pour les animaux exotiques, le rejet est encore plus clair.  Certains se retrouvent tout simplement sur la poubelle. Ils sont récupérés par les éboueurs, encore trop « humains » pour les jeter dans la benne comme les autres déchets usités.

Si le fléau n’est pas nouveau, il progresse. Les annonces de pseudos éleveurs poussant à bout leur reproducteurs sur les sites comme le boncoin.fr n’arrangent rien. Acheter un animal est aujourd’hui aussi simple que de faire ses courses. Sur le web, les propositions fleurissent. Des animaux à peine sevrés sont vendus aux plus offrants sans se soucier de la famille d’accueil. C’est la roulette russe, et la balle, elle, est toujours pour l’animal. L’anonymat de la toile n’explique pas tout. Pour preuve, les ventes physiques de chiens, de chats et autres compagnons se font en un instant dans de vulgaires magasins qui ont tout de la grande surface, mis à part les cages vitrées. Les animaux sont abattus par la chaleur, la climatisation, les imbéciles tapant sur les parois brillantes et parfois même les « soigneurs »/vendeurs violents. Les besoins des animaux sont des variables d’ajustement. A titre d’anecdote, après la sortie du monde de Némo de Disney, les poissons clown étaient vendus en animalerie dans de l’eau douce… comme un poisson rouge. Les aquariums d’eau salée étant compliqué à entretenir, les animaleries avaient décidé de faire preuve d’ « ingéniosité »… Némo n’avait qu’à s’adapter !

Les besoins des animaux sont des variables d’ajustement.

Voilà le destin de quelques 100 000 animaux, chaque année, en France. Les 30 000 euros d’amende et les 2 ans de prison prévus pour les abandons ne font frémir personne et la non-application des peines prévues ne pousse pas à la responsabilisation. Pourtant,  ces amendes pourraient – par exemple – être directement allouées aux refuges, submergés par les inconséquences de ces consommateurs d’animaux de compagnie. Cette année, les refuges de la SPA étaient complets le 9 juillet soit 15 jours avant l’année dernière. Et si l’été est propice aux abandons… il ne l’est pas aux adoptions.

Elise Blaise